Le projet que l’association Volta soutient actuellement est celui de la deuxième phase de l’agrandissement du Centre Médico-Chirurgical de Kaya, au Burkina Faso.

Créé en 1992 par l’association suisse Morija, le CMC de Kaya connaît depuis quelques années le besoin de s’agrandir. En effet, la qualité des soins prodigués et la réputation de l’établissement l’ont amené à faire face à une demande croissante, nécessitant un agrandissement des infrastructures existantes.

En 2017-2018, un don de CHF 150’000.- du Fonds Solidarité de la Banque Cantonale Vaudoise a permis à l’Association Morija – en partenariat avec le bureau d’architectes NOMOS à Genève – de réaliser la première phase de cet agrandissement: deux nouveaux bâtiments d’une surface totale de 345m2 accueillent 36 lits supplémentaires, portant la capacité d’hospitalisation du Centre à 110 lits, et augmentant la taille du centre de 11%.

La deuxième phase, avec son bâtiment rectangulaire de 725m2 situé au coeur du CMC, vise à augmenter la surface du centre de 20% et de le porter à une surface totale de 4’225m2. Une grande partie de cet édifice accueillera un laboratoire visant à assurer une certaine stabilité financière au Centre.

Le parti pris par les architectes et mandataires bénévoles est de développer l’ensemble de l’agrandissement en se basant sur les principes de la Voûte Nubienne, une technique de construction ancestrale. 

Plutôt que de se baser sur les techniques usant du béton et des toitures en tôle, les architectes ont conçu le bâtiment en répondant aux enjeux du développement durable et en phase avec les valeurs de Morija.

La conscience de la limite des ressources, le souci de l’économie d’énergie, la valorisation de l’artisanat local et la quête d’une architecture adaptée sont au coeur de ce projet.

Adaptée aux conditions et besoins locaux (climatiques, économiques, hygiéniques et sociaux), cette architecture permet un projet durable, bénéficiant directement et indirectement à la population locale. La technique de la Voûte Nubienne n’utilise que des matériaux locaux, immédiatement disponibles sur site (principalement la terre) et permet la réalisation de bâtiments solides et durables, offrant confort thermique et esthétique, tout en étant adaptée à l’économie locale. La construction ne nécessite ni électricité, ni bois pour les coffrages, ni matériaux importés.

Bâtiment mixte qui accueille les laboratoires, les salles de prélèvements, la pharmacie et les bureaux administratifs.

Les éléments métalliques (grilles de protection, cadres de fenêtres et portes) ont été fabriqués et installés.

Les toitures des patios, en tôle métallique, assurent la protection solaire de ceux-ci ainsi que le fonctionnement des circulations les jours de pluie.

À l’intérieur, les enduits à la chaux ont été réalisés. Il s’agit d’un revêtement naturel bactéricide et ignifuge qui s’adapte parfaitement à la construction mise en place. Les enduits à la chaux agissent comme un contrôle naturel de l’humidité en absorbant et en libérant l’humidité. La structure de la chaux permet ainsi à l’eau de s’évaporer librement, plutôt que de rester en intérieur.

Les aménagements extérieurs ont été initiés au cours du mois de juin 2022 et doivent encore se poursuivre.

Après la crise sanitaire liée au Covid19, le chantier de la Phase 2 a finalement redémarré en octobre 2020. Début 2022, les travaux de maçonnerie des voûtes et des contreforts ont été finalisés. La toiture a été imperméabilisée avant l’arrivée de la saison des pluies de cette année, pour mettre le bâtiment à l’abri des intempéries.

La réception provisoire du bâtiment aurait dû se faire en juin 2022, mais elle a été décalée en 2023, le calendrier s’étant adapté à la dégradation de la situation sécuritaire, provoquée par les divers bouleversements politiques au Burkina Faso, ainsi que par le rapprochement de groupes terroristes aux alentours de Kaya. Clara Gbodossou, notre architecte partenaire sur le terrain, n’est plus toujours capable de se déplacer à Kaya, et cela ralentit le rythme du chantier. Par ailleurs, en raison des problèmes sécuritaires, la carrière de latérite qui est localisée en dehors de la ville de Kaya est difficilement accessible par les travailleurs et l’extraction de latérite y est devenue compliquée.

Cependant, selon les informations reçues par le directeur du centre et par notre architecte sur place, la sécurité du CMC reste assurée. C’est avec satisfaction que nous apprenons aussi que les patients et leurs familles continuent à se rendre au centre médical et peuvent toujours y être traités et logés.

FRAMMENTI DI SVIZZERA IN AFRICA

En avril 2020, le CMC est publié dans le numéro 2 du magazine Archi, intitulé «Frammenti di Svizzera in Africa». Ce numéro part à la recherche des traces de la présence des architectes suisses sur le continent africain. Les projets sélectionnés racontent des histoires d’échanges actifs avec la population locale, des projets d’urbanisme participatif et des collaborations académiques entre universités suisses et africaines. Concrètement le projet de Kaya est décrit comme «un projet d’architecture alternative qui, traitant de ressources limitées et de matériaux locaux, favorise l’insertion sociale et la formation».

NATIONAL GEOGRAPHIC

«Why these West African architects are choosing mud over concrete»: un article publié en novembre 2021 par National Geographic dans la rubrique «Planet Possible» en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le développement. Le CMC y est décrit comme le plus grand bâtiment en voûtes nubiennes en briques de terre crue au Burkina Faso, mettant en valeur la construction avec une technique adaptée à un pays aux ressources limitées.

BLOOMBERG

«Cool Mud Beats Concrete for Building Homes in a Hotter Africa». C’est le titre de l’article écrit par Katarina Höije en novembre 2022 sur bloomberg. Dans celui-ci, elle explique que les voûtes en terre du CMC, ayant une plus grande inertie thermique que le béton, permettent de maintenir une température un peu plus fraîche à l’intérieur du bâtiment, sans augmenter les émissions de carbone. Un documentaire sur le CMC intitulé «The Architects Designing Future Cities With Mud» a été filmé sur place et diffusé par Bloomberg Green à la COP27, Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques.

Le projet que soutient l’Association Volta a fait l’objet de plusieurs récompenses :

Nominé pour le prix Aga Khan d’Architecture 2019

Récompensé par le Collège des Architectes de Madrid pour le prix COAM 2019 dans la catégorie “Initiatives exemplaires en relation avec l’architecture”